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« Paris Moscou. Un siècle d’extrême droite » : cent ans de sollicitude

Livre. La relation entre l’extrême droite française et la Russie ne se résume pas à l’image de Marine Le Pen reçue au Kremlin par Vladimir Poutine, le 24 mars 2017, à quatre semaines de l’élection présidentielle en France, comme la cheffe de file d’un « spectre politique en Europe qui croît rapidement ». Depuis 1917, rappellent dans Paris Moscou. Un siècle d’extrême droite (Seuil, 272 pages, 21 euros) l’historien et chercheur Nicolas Lebourg, spécialiste des droites extrêmes à l’université de Montpellier, et Olivier Schmitt, autre expert en la matière, professeur à l’université du Sud-Danemark, un « jeu d’interactions » s’est tissé, à bas bruit. Et « durant un siècle, chaque étape de [cette] relation a été la pièce d’un puzzle, que la guerre d’Ukraine a assemblé ».
La chute de l’Empire russe puis la prise de pouvoir par les bolcheviques ont posé les premières bases. Le nombre de Russes blancs réfugiés en France, unis par leur haine du communisme et leur penchant pro-allemand, entraîne très vite, en même temps qu’une surveillance policière, les premières connexions. C’est dans ce contexte, notamment, que l’Union générale des combattants russes, fondée à Paris, tissera des liens avec les droites françaises. S’ensuivent cependant des années erratiques, où des groupuscules se forment et se croisent, tandis que, côté russe, l’espoir de restaurer la monarchie s’amenuise.
Les différents courants, dont celui des solidaristes russes, une organisation nationaliste créée dans les années 1930, incapables de s’unir et parfois infiltrés par des agents soviétiques, se fragmentent toujours davantage, au point de rendre la lecture de cette galaxie un peu ardue. L’arrivée d’Hitler au pouvoir, jugée attirante par les uns, se heurte, pour d’autres, à la sidération provoquée par le pacte germano-soviétique de non-agression, signé en août 1939. La seconde guerre mondiale finira par tout écraser, avant que l’affrontement entre grandes puissances ne prenne le relais, occultant « l’orientation prorusse de l’extrême droite ».
Mais dans l’entre-deux-guerres, le concept de l’eurasisme, fondé sur le déclin de l’Occident des Lumières, a pris racine. Mis en avant par le philosophe conservateur allemand Oswald Spengler, il rejoint le slavophile Nikolaï Danilevski qui, dès la fin du XIXe siècle, séparait l’Europe catholique d’une « Russie aryenne ayant vocation à s’étendre sur l’Asie et à s’entendre avec l’Allemagne ».
Il reviendra en force, à nouveau, avec l’idéologue russe Alexandre Douguine – proche du Français Alain de Benoist –, dont la théorie « néo-eurasiste » servira la propagande pour l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014. Au « choc des civilisations », un antiaméricanisme virulent sert de socle commun.
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